Pierrette Bloch, disparue l'année dernière après 91 années d'une vie consacrée à la peinture, n’a cessé de jouer avec les nuances de noir et de blanc, avec les boucles et les points, petits ou grands, fins ou épais, avec les nœuds et les vagues... Pour elle, l'essence de la peinture s’exprimait par quelques traits, par ce rien – ce peu – délicat et sensible. On assiste à la transformation d'un geste simple, intuitif, par sa répétition. Chaque trace diffère de celle qui la précède, son intensité évoluant au gré de la quantité d'encre sur le papier. Pionnière d’un minimalisme incarné, Pierrette Bloch a toujours laissé sa part à l'aléatoire dans son travail, autorisant les formes à décider pour elle : « la peinture a à voir avec ce qui est secret à soi-même », pouvait-elle confier. La galerie Karsten Greve, qui représente ce travail au long cours depuis dix ans, lui rend donc hommage à travers une exposition rétrospective, retraçant les différentes étapes de son travail depuis 1950 : encre de Chine ou pastel sur papier y côtoient frises, collages et tissages de crin... Un « travail silencieux, pudique fait de trois fois rien » selon Michel Parmentier. Silencieux mais pourtant rythmé, Pierrette Bloch écrit une histoire, déroule une partition, étire le temps.

Lolita Siad-Guilleray

Site de l'exposition