Que ce soit Anarcha, cette esclave opérée à trente-quatre reprises lors d’expérimentations médicales sans anesthésie, ou le tignon, héritage de la loi tignon de 1785, imposant aux femmes de couleur de couvrir leurs cheveux pour ne pas nuire à la primauté des femmes blanches, c’est bien d’histoire raciale dont nous parle Ayana V. Jackson dans ses photographies. En endossant les costumes de ces personnalités féminines, l’artiste opère un double mouvement : regard sur le passé d’abord – et notamment sur les chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art, par des références faites à Ingres ou Muybridge –, mais aussi sur le présent, dont il s’agit de soulever les stéréotypes ancrés, pour qu’à l’avenir, ils s’évanouissent. Séduit par l’incroyable présence de l’artiste et par la manière dont elle fait de son corps un outil politique majeur, Baudoin Lebon la représente depuis plusieurs années.

Emma Noyant
Publié dans le N°82 de la revue Art Absolument.
Parution le 23 Mars 2018

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