« Je ne suis pas croyant, mais ce que je désire faire, c’est une expérience de ce type : “Une église, la porte est ouverte, alors on entre. Il y a une odeur particulière, une légère musique, un homme les bras levés et quelques bouquets de fleurs. On la traverse sans comprendre et on retourne dans la vie.” » Résumant il y a quelques années déjà sa pensée sur ses propres expositions, Christian Boltanski décrivait on ne peut mieux l’expérience qui s’offre au visiteur de l’Oude Kerk, vaste église en plein cœur du quartier rouge d’Amsterdam, qu’il a intégralement investie.
Ceux qui connaissent son travail l’admettront sans peine – et l’artiste est le premier à le faire –, le vocabulaire plastique de Boltanski se réduit à quelques idées. Dans l’Oude Kerk, on retrouve les Appareils, hautes structures bâchées de noir, et les silhouettes de bois vêtues des Hommes qui marchent de son exposition au Mac/Val en 2010 – dont le titre était le même, « Na » signifiant « Après » en néerlandais –, le carillon des cloches de sa vidéo Animitas adressant leur litanie comme depuis un outre-monde, le lent décompte de la vie de l’exposition avec l’extinction progressive d’une pléiade d’ampoules jonchant le sol du baptistère, ou encore les chaises vides de ses spectacles avec Jean Kalman et Franck Krawzcyk…

Tom Laurent
Publié dans le N°82 de la revue Art Absolument.
Parution le 23 Mars 2018

Site de l'exposition