Women House. La maison selon elles

Women House. La maison selon elles : Niki de Saint Phalle, Nana-Maison II, 1966-1987. Vue de l’exposition (Cour d’honneur) Polyester peint Donation Niki de Saint Phalle/Sprengel Museum, Hanovre. © 2017 Niki Charitable Art Foundation/Adagp, Paris, 2017 © Monnaie de Paris - Aurélien Mole   


L'exposition


« Car les femmes sont restées assises à l’intérieur de leurs maisons pendant des millions d’années, si bien qu’à présent les murs mêmes sont imprégnés de leur force créatrice ». De ces mots de Virginia Woolf dans Une chambre à soi (1929), les œuvres réunies par Camille Morineau – qui fut à l'initiative d'elles@centrepompidou en 2009, présentation exclusivement féminine des collections du musée parisien – partagent deux constats, le second dérivant du premier. La femme est prisonnière du domicile, mais cette prison peut être détournée de sa connotation historique de réclusion, pour devenir une source d’inspiration artistique. Relevant l'espace domestique comme essentiellement féminin, ce sont 39 artistes femmes des XXe et XXIe siècles qui en donnent une interprétation féministe tantôt frontale, tantôt plus légère, par le recours à l’onirisme.
Pour Karin Mack, cela veut dire tourner en dérision la récurrence d'un geste, celui du repassage, et faire rentrer dans le champ de la représentation l’accablement qu'il entraine, dans une série de photographies du Bugeltraum. Helena Almeida pointe quant à elle les limites d’un espace domestique qui serait une sorte de prison dorée dont on ne pourrait s’enfuir, lorsqu’elle se représente agrippant ses mains au portail de l’habitation. Ibsen dénonce le statut d’une femme-objet, victime des fantasmes pernicieux du genre masculin, dans sa réappropriation du thème de la maison de poupée.
Certaines œuvres sont plus oniriques, comme celles qui touchent à la corrélation du corps féminin et de l’habitat, initiée par Louise Bourgeois en 1945 et investie de son propre côté par Niki de Saint-Phalle dans ses célèbres Nana-maisons des années 1960. Une forme qui connaitra chez la première une suite monumentale, lorsqu'elle réalisera 50 ans plus tard Spider, allégorie étouffante de la mère nourricière dont les immenses pattes créent une gangue autour du cocon.

Emma Noyant

Quand


20/10/2017 - 28/01/2018
 Retour     |      Haut de page