Himat. Pas de paroles, juste lumière et couleur

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L'exposition


« Tu vis en moi, comme si je n’étais plus que la demeure de ton souvenir et le vent, vent des souvenirs, déchaîné dans mes paroles et dans mes pas ».
Avec sa Lettre à Ishtar, le poète Adonis répondait à l’appel du peintre Himat, avec quelques autres – Michel Butor, Qassim Haddad et Bernard Noël notamment. Pour ce Kurde d’Irak, la figure amoureuse et vengeresse du panthéon mésopotamien évoque la femme et la beauté bien sûr, mais aussi le pays, qui lui revient comme un souvenir. Himat a grandi à Kirkouk, dans le nord de l’Irak, s’est adonné à la poésie puis y a embrassé une carrière de peintre et est parti travailler à Bagdad. Son professeur est alors Shaker Hassan Al Said, figure de premier plan de la modernité picturale en Irak, ayant engagé dès les années 1970 une synthèse féconde entre l’art du signe, de la lettre et de la trace dans des compositions abstraites, charriant dans la même geste matière et calligraphie. En 1991, le déclenchement de la guerre du Golfe coupe Himat de ses racines : alors en déplacement au Japon, il prend le parti de rester en attendant que le conflit se calme. Quelques 25 années plus tard, il vit toujours en exil, à Paris, à la Ruche, cité d’artistes ayant vu défiler – et peindre – Chagall, Soutine ou encore Zadkine au début du siècle dernier. Pour son exposition dans l’espace qu’ont ouvert les artistes y résidant, Himat a choisi de montrer l’un des 50 ouvrages qu’il a réalisés pour Ishtar en collectant les mots de ses amis poètes : signes saisies par la peinture, exaltation colorée et amour du livre s’y mêlent en un objet possédant l’aura d’un talisman. À ses côtés, la diversité des formats de peintures récentes permettent d’explorer une riche palette de projections. Petits et grands tondos exposent leur surface craquelée, comme autant d’astres meurtris où la matière de la peinture se fait tellurique, tandis qu’une paire d’œuvres rectangulaires accusent ensemble la rudesse de leur ton métallique et le rayonnement de leur teinte turquoise. Car les couleurs d’Himat sont sans concessions : à l’image de celles recouvrant en nuées des photographies de fleurs, elles exaltent la beauté poétique de la vie tout en disant la violence de l’existence que les conflits entravent.

Tom Laurent

Quand


20/09/2017 - 01/10/2017
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