À partir de 1969, Peter Stämpfli limite l’iconographie de sa peinture à un seul motif : la zone du pneu en contact avec la route. Choisi pour son caractère mécanique, son impossibilité à être rangé du coté de la figuration ou de l’abstraction et son absence de signification – résistant de fait à toute interprétation –, ce sujet lui offre en revanche une large amplitude de possibilités plastiques, qu’il continue d’explorer aujourd’hui encore, à l’âge de 80 ans. Pour sa première collaboration avec la galerie Georges Philippe et Nathalie Vallois, le corpus réuni atteste de cette diversité, sans s’écarter du sillon qui attache ses œuvres à ce motif. Jeux d’échelles, de médiums, empreintes ou matrices, palette éclatantes de couleurs primaires ou échantillonnage de teintes grisées, voire réduction graphique au noir et blanc … : la contrainte initiale se révèle féconde. De fait, l’exposition Ligne continue à la galerie repose sur le rapport de mobilité qu’entretient Stämpfli à la peinture. Et montre ses passages de l’aquarelle, exaltant des rapports colorés et une certaine volumétrie, à la frontalité des patterns répétés de peintures à l’huile à la fin des années 1990. Éclairante à tout point de vue, une rare vidéo de 1974 voit défiler les motifs signalétiques au sol depuis une voiture lancée sur la route, comme un prolongement filmique du mouvement sans fin qui anime sa peinture.

Tom Laurent

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