Comme une respiration à l’intérieur de la brutalité du réel, Sabyl Ghoussoub décrit un univers mental à cheval entre espoir, confrontation et fuite. À la Photo Image Gallery à Bruxelles, l’artiste franco-libanais montre trois séries de photographies et une vidéo où il semble regarder la situation du Proche-Orient comme entre les mains avec lesquelles il se masquerait la vue. La série Shall we dance ? (2015) décrit en somme une utopie : celle du partage d’un même lieu – et d’un même souffle irrésigné – en superposant les envolées des jeunesses israélienne et libanaise, dansant en boîte de nuit. Dans Self-portrait (2013), le photographe fait de l’écartèlement identitaire et religieux une possibilité de démultiplication, que son Autoportrait (TroisAnsAprès) vient unifier : l’un comme l’autre disent pourtant des vérités à rebours du réel. Et puis, il y a ce sombre constat du Rêve imaginaire (2012), montrant une famille entière où chaque membre suffoque dans la beauté de son keffieh, et dans les obsessions du monde arabe. Sabyl Ghoussoub a pour lui une tendresse volontiers critique : il l’applique à ce qu’il sent de ce qui l’entoure, et à lui en premier chef.

Benoît Macquart

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