Steve Gianakos. Lames au corps

Steve Gianakos. Lames au corps : Deciding to try her hand at interior decorating. 1993, techniques mixtes sur papier, 68 x 42 cm    Steve Gianakos. Lames au corps : Her knees shook like castanets. 2012, acrylique sur toile, 80 x 100 cm    Steve Gianakos. Lames au corps : Vue de l'exposition à la galerie Semiose, Paris, 2017.   


L'exposition


C’est la deuxième fois, depuis leur première collaboration en 2015, que la galerie Semiose expose l’œuvre grinçante de l’Américain Steve Gianakos, né en 1938. Prenant le parti de mêler sans distinction des œuvres des années 1990 à aujourd’hui, cette sélection montre, sans se départir du temps présent, que l’évolution est chose toute relative. En ce qui concerne celui qui fut un grand ami et protégé de Roy Lichtenstein, ses trouvailles graphiques et ses figures de pin-up semblent toutes – récentes ou pas – trempées du même jus acide, faites des mêmes chutes, et leurs traits innocents toujours accidentés.


Les héroïnes de papier de Steve Gianakos s'animent dans des situations provocantes ou grivoises, et se transforment d'une image à l'autre. Procédant par photocopie et remontage de fragments de ses propres œuvres tout en laissant les accidents d’atelier contaminer le résultat, l’artiste introduit le ver dans la pomme de l'art de ses ainés Pop. Car Steve Gianakos arrive 10 ans après l'explosion du genre, et considère ces fondamentaux comme acquis. Comme les Pop, Gianakos emprunte à la culture populaire, mais également à l’histoire de l’art : pour exemple, Deciding to try her hand at interior decorating affuble d’un masque africain une créature à la plastique de magazine, faisant sienne une citation de Picasso. Masque pour masque, la platitude morale que véhicule un certain rêve de paix domestique s’inverse en exacerbant le visage d’une déliquescence volontaire. Chez Steve Gianakos, la paille du soda plonge dans la cocaïne, le plat préparé avec l’amour maternel est la tête de l’enfant même, le devoir conjugal s’exécute avec un cheval de Troie. On comprend ce qui a poussé la galerie Semiose à aller chercher cet artiste encore méconnu à Paris : la question du détournement et des notions de bon ou mauvais goût sont partagées par une grande majorité des artistes qu'elle représente.


Tom Laurent

Quand


07/01/2017 - 25/02/2017
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