Marie-Claude Bugeaud

Marie-Claude Bugeaud : Vue de l'exposition à la galerie Djeziri-Bonn, Paris, 2016. A gauche : La Nuit sans Diego. A droite: Au Cou d'Olympia. Crédit photo : Raphaële Kriegel    Marie-Claude Bugeaud : Embarquement pour Cythère. 2016, huile et papiers collés sur toile, 116 x 89 cm.    Marie-Claude Bugeaud : Vue de l'exposition à la galerie Djeziri-Bonn, Paris, 2016. A gauche : Le Collier d'Olympia. Crédit photo : Raphaële Kriegel   


L'exposition


Marie-Claude Bugeaud se défie de faire d’un motif ou d’une manière une signature. Cela explique sans doute la variété de ses formats, de la facture de ses fonds maigres ou denses, de l’abandon par exemple des lignes tombantes et resserrées qui donnaient figure à des chevelures dans des œuvres antérieures. Certains leitmotivs restent pourtant constants dans sa pratique au long cours. L’un d’eux tient à l’effet vibratoire que procure la vue de ses travaux. Vibration de la texture des fonds, tremblement du sujet qui se fait et se défait selon le point de vue et l’humeur du moment, hachure du trait tout sauf lisse que confère l’usage de papiers découpées et en exhorte le statut hybride : peinture et dessin, matière et ligne. Embarquement pour Cythère est le titre d’une toile au fond orangée, peinte en conservant des écarts de densité et de transparence, sur lequel les courbes d’un papier découpé viennent apposer l’ambigüité de leur fonction plastique. Couper une uniformité ? Rabattre le format sur lui-même ou engager un dialogue hors-cadre ? Plus prosaïquement figurer un rideau de scène ? Marie-Claude Bugeaud ne tranche pas, mais rend hommage aux transports, ceux de la peinture et ceux du sentiment et de la chair. « Watteau a ce pouvoir de créer des espaces qui puissent s’étirer à l’infini, et d’ailleurs, on trouve chez lui, qui ne peint que des scènes de départ, une inquiétude persistante », dit la peintre. Plusieurs toiles trouvent leur origine dans des essais antérieurs, remisés puis « transportés », comme les grand points qu’elle a disposés en collier sur un le support maculé d’une peinture blanchâtre. Contrepoint au précieux, qui prolonge la pensée de Leiris sur le ruban au cou de l’Olympia de Manet. Dans Au Cou d'Olympia, on retrouve le fond rose d’une toile plus ancienne, Points du jour, mais les petits points ont laissé place à la réserve laissée par de grands papiers découpés ronds mis de côté, et une toute autre histoire se joue. Marie-Claude Bugeaud pouvait alors dire de ces points que leur « agrandissement donne irrémédiablement lieu à la figuration d’une tête. » Ici, leur escamotage joue avec ce qu’il révèle. La peintre avait montré une belle Nuit avec Diego en même temps que Points du jour, en référence à Velázquez : aujourd’hui, elle expose sa Nuit sans Diego, où le peintre espagnol est toujours bien présent.

Tom Laurent

Quand


17/09/2016 - 29/10/2016
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