Depuis 1992 et la première édition d’une manifestation qui se déployait dans une unique chapelle, les parcours de L’art dans les chapelles ont pu investir une vingtaine de sites religieux, mais sans se traduire par une démonstration d’art sacré. Pour autant, Marylène Negro a pu faire sien le récit attaché à une sainte locale, Noyale, qui fut décapitée et porta sa tête pour venir trépasser au lieu de sa chapelle. Comme l’explique Karim Ghaddab, commissaire avec Éric Suchère, « l’art contemporain reste un invité de ces lieux consacrés : il y a un partage de leurs deux temporalités mais pas de volonté thématique. Car exposer son travail ici est en soi différent de ce que propose l’espace muséal. » Daniel Pontoreau l’a sans doute bien compris : ses objets de terre et de peu, scarifiés ou reliés à d’autres, appellent des sentiments d’aube du monde. D’autres ont travaillé sur le lieu même : Flora Moscovici par exemple ou Claire Colin-Colin, qui est venue agrandir l’empreinte de sa peinture sur l’une des parois de la chapelle Saint-Tugdual, comme pour signer un geste de la durée picturale. Ce sont en tout treize artistes dont la pratique est en retour investie par les sites, avec leurs architectures cossues, leurs statues en bois polychrome, leurs autels et leurs histoires.

Article de Tom Laurent dans le Numéro 72 parution Juillet 2016

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