Jean-Pierre Bertrand, Camila Oliveira Fairclough, Christophe Sarlin, Éric Stephany. « Ne dites pas que je ne l'ai pas dit »
L'exposition
Prenant pour point de départ un travail d'édition de Jean-Pierre Bertrand, les deux commissaires de cette exposition, Jean-Marc Avrilla et Antonin Linard, se sont attachés à l'exploration des relations entre art visuel et langage. Pas tant au niveau discursif, qui verrait les œuvres soumises aux mots qui leur sont apposés : le propos de « Ne dites pas que je ne l'ai pas dit » est de montrer différents usages de l'économie englobant ces deux éléments, visuel et langagier, du point de vue de 4 artistes contemporains de générations diverses. En cela, le titre « Ne dites pas que je ne l'ai pas dit » emprunté à Marcel Broodthaers est exemplaire. Réduisant l'écart qui régit ces deux termes jusqu'à les rendre indissociables, les artistes muent l'art des images, comme celui des mots, en un code. Dire ou montrer s'apparenterait à une même action, celle de signifier.
C'est en effet un code que l'édition de Jean-Pierre Bertrand, qui rend intelligible tout l'arbitraire de la correspondance entre son propre nuancier et le nom associé à chaque couleur. Chez Camila Oliveira Fairclough, l'association des mots et des formes dispensent un troisième terme, qui les prend en charge tout ensemble. Ainsi de « Nocturne », dont le système d'équivalence se rapproche du graphisme, par l'intégration du signifiant au signifié, ou plutôt de l'image du signifié. Si ces deux travaux apparaissent marqués par le champ de la sémiologie, l'approche de Christophe Sarlin se construit sur une traduction visuelle anachronique de la manière dont on peut écrire l'histoire : des paysages s'inspirant de la tradition picturale chinoise sont réalisées à partir de diagrammes de l'évolution de l'économie contemporaine de la Chine quand le caviardage des rapports du Watergate donne matière à des éditions à l’esthétique minimaliste affirmée. Enfin, les cinq « Figures de style » d'Eric Stephany informe sur la réduction qu'induisent les entreprises de classification. Reprenant à son compte un traité de l’architecte des Lumières Jean-Jacques Lequeu, qui inventorient différents styles à partir d'adjectifs, Eric Stephany en décale la grammaire en servant des fondements de l'image contemporaine, trames d'impression comprises.
Tom Laurent
C'est en effet un code que l'édition de Jean-Pierre Bertrand, qui rend intelligible tout l'arbitraire de la correspondance entre son propre nuancier et le nom associé à chaque couleur. Chez Camila Oliveira Fairclough, l'association des mots et des formes dispensent un troisième terme, qui les prend en charge tout ensemble. Ainsi de « Nocturne », dont le système d'équivalence se rapproche du graphisme, par l'intégration du signifiant au signifié, ou plutôt de l'image du signifié. Si ces deux travaux apparaissent marqués par le champ de la sémiologie, l'approche de Christophe Sarlin se construit sur une traduction visuelle anachronique de la manière dont on peut écrire l'histoire : des paysages s'inspirant de la tradition picturale chinoise sont réalisées à partir de diagrammes de l'évolution de l'économie contemporaine de la Chine quand le caviardage des rapports du Watergate donne matière à des éditions à l’esthétique minimaliste affirmée. Enfin, les cinq « Figures de style » d'Eric Stephany informe sur la réduction qu'induisent les entreprises de classification. Reprenant à son compte un traité de l’architecte des Lumières Jean-Jacques Lequeu, qui inventorient différents styles à partir d'adjectifs, Eric Stephany en décale la grammaire en servant des fondements de l'image contemporaine, trames d'impression comprises.
Tom Laurent
Quand
12/09/2014 - 25/10/2014