Monument

Monument : Carole Fekete, Les Armures, 2014 Impression  Calais, Musee de l’armee, Paris et l’artiste © Carole Fekete    Monument : Leo Fabrizio, Gutsch, 2002 Collection Frac Basse-Normandie   


L'exposition


Pour l'artiste-poète Robert Filliou, « les pays qui songent à la guerre pourraient s'échanger leurs monuments aux morts avant de la faire » (1970). Question lancinante, en cette année de commémorations des deux guerres mondiales qui ont ensanglanté le XXe siècle, qui interpelle nombre d'artistes, surtout dans des régions fort meurtries : sur le Mur de l'Atlantique, truffé de bunkers où les nazis attendaient le débarquement allié ; en Normandie, où il eut lieu ; ou dans l'Angleterre ravagée par les bombes de la Luftwafe. Ainsi, le musée des Beaux-Arts de Calais, le FRAC de Basse-Normandie et le Sainsbury Centre for Visual Arts de Norwich ont sélectionné 30 artistes nés dans l'après-guerre (sauf Wolf Vostell) sur la question du mémorial, de l'histoire à l'actualité. Photographies et installations déploient une critique radicale de la guerre, parfois féroce – sur une photo de Régis Fabre, le camp d'Auschwitz est devenu un terrain de camping. Autour des Armures réelles et imaginaires de Carole Békété, les bunkers se font l'annonce du tout sécuritaire contemporain : armatures de burqas en feutre de Sylvie Ungauer, sculptures de Laurent Sfar, camouflages dans le paysage suisse (Leo Fabrizio). Les ruines sont des monuments prisonniers de glaçons pour Patrick Tosani, des héros historiques, souvent mutilés, de Napoléon à Lénine, pour Liane Lang, des monceaux de débris sur les champs de bataille pour Michel Aubry tandis que Dripping Medals de Léa Le Bricomte désacralise les décorations de guerre. Monuments multiples où souffle ainsi le vent violent de l'histoire.

Pascale Lismonde

Quand


08/03/2014 - 16/11/2014
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