Art de la rue par excellence, le graffiti est pourtant déconsidéré au sein des milieux académiques, l’absence de normes et son côté populaire l’ayant exclu des regards officiels. Pourtant, certains artistes ont pu rendre justice à leur dimension artistique en se les appropriant, permettant de voir d’un œil neuf ce paysage urbain qui est le nôtre. Georges Brassaï, photographe renommé du Paris des années 30, a voulu immortaliser les traces d’amour et de jeu des enfants qu’il rencontrait au gré de ses flâneries, afin de les sauver de l’oubli. Jacques Villeglé, quant à lui, s’est penché sur les graffiti politiques. En décomposant les superpositions issues des passages des militants successifs, il a voulu montrer le potentiel artistique et politique que possèdent les gestes de coller et d’arracher des affiches. La galerie Vallois a donc voulu mettre en regard les deux œuvres, la proximité de leur sujet et de la méthode de prise de vue permettant de confronter les photos en noir et blanc de Brassaï aux œuvres extrêmement colorés de Villeglé. Par la capture de ces bribes d’expression citadine, Brassaï et Villeglé sont parvenus à immortaliser la vie des habitants, leurs émotions et leurs opinions, donnant à leur œuvre une richesse toute particulière.

Marie Legrand

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