Pour Jean-Charles Vergne, directeur du FRAC Auvergne, « Marc Bauer s’intéresse au langage cinématographique mais il le fait en dehors du territoire filmique, "depuis" le point de vue du dessin ». Effectivement, les travaux graphiques de ce jeune artiste suisse puisent dans le territoire filmique lorsqu’il introduit dans sa pratique un fil narratif en forme de storytelling. D’une image à l’autre, dans la continuité de ses « plans » et la diversité de ses formats, a-t-on envie de dire, se lit un mouvement de retour sur des événements autobiographiques comme collectifs – le totalitarisme venant au premier plan. S’il prend à sa charge le « langage cinématographique », cela tient sans doute dans la vocation du cinéma à être la fabrique de l’histoire la plus efficace qui soit, depuis les exemples fameux de Serge Eisenstein ou Fritz Lang, jusqu’à Chris Marker, convoqués dans des séries de dessins. Mais en conservant le caractère d’esquisse, le tracé rapide, Marc Bauer fait jaillir une mémoire inachevée, non close sur elle-même. C’est à juste titre que celui-ci définit son travail comme un dessin d’histoires, au pluriel. Dimension personnelle, événements issus de la marche du monde et fiction se parasitent dans ses dessins pour constituer autant d’« écrans », surface de projection pour une histoire refusant l’univoque.

Tom Laurent

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