[...] Même lorsque Zurbarán rencontre le succès et devient le peintre le mieux payé d’Espagne, au début des années 1640, quand il peint la délicate Annonciation du musée de Grenoble pour le retable de la chartreuse de Jerez ou la vie de saint Jérôme et des moines hiéronymites pour le monastère royal de Santa Maria de Guadalupe en Estrémadure, il ne renonce nullement à cette retenue de l’être : malgré de somptueux coloris de rose, d’orange, de jaune et de rouge, ses Vierges comme ses moines semblent s’abstraire du monde. Parcourant le chemin inverse d’El Greco, peintre d’icône crétois devenu le maître du maniérisme espagnol au siècle précédent, Zurbarán retrouve l’art immatériel et frontal de l’icône médiévale, au sein d’une peinture baroque en mouvement qui veut convaincre le réel d’irréel.[...]

Extrait de l'article d'Emmanuel Daydé publié dans le N°57 de la revue Art Absolument:parution le 10 janvier 2014

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