Un motif récurrent traverse le travail de Claude Viallat, l’un des fondateurs du groupe Support/Surface dans les années 1970, courant artistique attaché à l’analyse critique du tableau pris comme objet matériel. Le jeu constant, œuvre après œuvre, avec la capacité de ce motif à faire image n’est pas le signe d’un renvoi à une même obsession issue du réel, mais apparaît comme un moyen pour l’artiste de se concentrer sur des problématiques formelles, à savoir l’alchimie entre les couleurs et les supports. « Il faut prendre la couleur comme une jouissance, un plaisir » dit Claude Viallat, explicitant le rapport de spiritualité sensuelle « sans vulgarité ni érotisme » qu’entretient Matisse, l’une de ses principales références, dans sa peinture. Les recherches récentes qui ont pu être menées par le plasticien éclairent également sur ce motif qui, pour arbitraire qu’il est, n’en a pas moins partie liée avec une certaine iconographie décorative méridionale. Ainsi en va-t-il de ses Toros, dont on perçoit avec évidence la relation entretenue avec la culture du sud de la France – Claude Viallat est originaire de Nîmes –, autant peintures qu’objets. En effet, la dimension matérielle de ces représentations vient rejoindre ses recherches initiales : présentées au sein de l’exposition, avec des peintures sur bâches et des Cerceaux, elles signalent la précarité des supports utilisés, créant des « associations mémorielles » avec le reste du corpus.

Tom Laurent

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