"Les Aventures de la vérité" Peinture et philosophie : un récit
L'exposition
Emmanuel Daydé : Afin d’évoquer comment la philosophie entrave la peinture, et comment, en retour, la peinture fait taire la philosophie, vous choisissez d’édifier votre histoire sous la forme d’une Passion en plusieurs stations, avec une crucifixion de la peinture – clairement citée avec deux toiles de Pollock et de Basquiat –, une résurrection de l’Être et du Contre-Être dans le Parêtre, sans oublier une mise au tombeau de la philosophie. Ne peut-on évoquer la peinture sans passer par la religion ?
Bernard Henri-Lévy : Je dis « stations », oui, dans ma « Lettre à Olivier Kaeppelin ». Et puis le mot disparaît, il fait problème et il disparaît – pour laisser la place, à la fin du Journal, puis au principe du Catalogue et, donc, de l’accrochage final, à celui de « Séquences », comme dans un film. Cela dit, c’est vrai qu’on ne peut pas penser l’histoire de la peinture et, bien sûr, de la philosophie, sans en passer par la théologie. Que croyez-vous que je fasse, depuis trente ou quarante ans, c'est-à-dire depuis le Testament de Dieu, sinon de la théologie ? Alors, tout ça se retrouve dans ce grand déploiement d’œuvres dont la Fondation Maeght m’a offert la merveilleuse possibilité. Pensée juive. Lien avec le catholicisme. Statut de l’image dans les deux religions. Ma thèse est qu’il n’y a jamais eu d’iconoclastie juive. La grande erreur est de confondre la critique de l’idolâtrie et la haine des images. La sagesse juive vivante, c’est-à-dire le Talmud, n’en a jamais après les images ! Elle en a après les hommes qui considèrent que les images sont habitées par le sacré. Ce qu’elle prône, vis-à-vis de ces images, c’est, en gros, un athéisme radical.
Extrait de l'entretien "Vérité et réconciliation: la peinture à l'épreuve de la philosophie" entre Bernard Henri-Lévy, commissaire de l'exposition et Emmanuel Daydé, à paraître dans le N°54 de la revue Art Absolument: publication le 28 juin 2013.
Bernard Henri-Lévy : Je dis « stations », oui, dans ma « Lettre à Olivier Kaeppelin ». Et puis le mot disparaît, il fait problème et il disparaît – pour laisser la place, à la fin du Journal, puis au principe du Catalogue et, donc, de l’accrochage final, à celui de « Séquences », comme dans un film. Cela dit, c’est vrai qu’on ne peut pas penser l’histoire de la peinture et, bien sûr, de la philosophie, sans en passer par la théologie. Que croyez-vous que je fasse, depuis trente ou quarante ans, c'est-à-dire depuis le Testament de Dieu, sinon de la théologie ? Alors, tout ça se retrouve dans ce grand déploiement d’œuvres dont la Fondation Maeght m’a offert la merveilleuse possibilité. Pensée juive. Lien avec le catholicisme. Statut de l’image dans les deux religions. Ma thèse est qu’il n’y a jamais eu d’iconoclastie juive. La grande erreur est de confondre la critique de l’idolâtrie et la haine des images. La sagesse juive vivante, c’est-à-dire le Talmud, n’en a jamais après les images ! Elle en a après les hommes qui considèrent que les images sont habitées par le sacré. Ce qu’elle prône, vis-à-vis de ces images, c’est, en gros, un athéisme radical.
Extrait de l'entretien "Vérité et réconciliation: la peinture à l'épreuve de la philosophie" entre Bernard Henri-Lévy, commissaire de l'exposition et Emmanuel Daydé, à paraître dans le N°54 de la revue Art Absolument: publication le 28 juin 2013.
Quand
29/06/2013 - 06/10/2013