La question de l’œuvre tardive renvoie de facto à celle de l’achèvement, et plus loin à la mort que son auteur s’apprête à embrasser. L’exposition Deadline nous invite à côtoyer les œuvres ultimes de douze artistes internationaux disparus au cours de ces 20 dernières années. Car la prise de conscience de l’imminence de la fin d’une existence en change les enjeux, elle transforme fondamentalement le rapport que les artistes entretiennent avec leur production et l’acte même de créer. Le prolongement et l’accentuation de démarches déjà en cours est l’une des voies que l’exposition met en évidence, notamment chez Absalon, Joan Mitchell, Willem de Kooning ou encore Felix Gonzalez-Torres, tandis que d’autres – Gilles Aillaud et Hans Hartung – se consacrent à des pièces renouvelant radicalement leur vocabulaire. La mise en scène de la mort annoncée donne une visibilité tangible à cette angoisse, dans les œuvres de Robert Mapplethorpe, Martin Kippenberger et James Lee Byars. La maladie se pose en funeste moteur chez Chen Zen, Jörg Immendorff et Hannah Villiger. À travers la spécificité de ces artistes, on trouve la même volonté de survivre au réel, de dépasser le propre de la condition humaine, et d’être, pourrait-on dire, libéré du poids de la négociation avec la vie.

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