Gérard Gasiorowski se définissait volontiers comme un « fou de peinture ». Un « vrai peintre, grand peintre » pour l'actuel président de la Fondation Maeght, Adrien Maeght, un de ses premiers collectionneurs. Ce sont surtout les œuvres de la fin de la vie de l'artiste, assez méconnues, qui composent cette rétrospective. Si Gérard Gasiorowski est reconnu pour la virtuosité de sa facture, l'histoire de l'art le retient également pour sa vision critique vis-à-vis de l'académisme et de la marchandisation de l'art. L'artiste s'est toujours joué des normes picturales en vigueur, particulièrement à partir du milieu des années soixante-dix quand son travail se radicalise. Il réalise alors des projets ambitieux, et notamment des toiles très grand format dont la série Stances de 40 mètres de long, pour la première fois exposée dans sa totalité. Cette posture radicale, souvent interprétée comme un « suicide pictural », participe surtout à réhabiliter la peinture française à une époque où elle est considérée comme anachronique. La pratique picturale de Gasiorowski peut être vue comme un dialogue, à la fois avec l'histoire de la peinture dont il était passionné, mais aussi avec le réel et avec son vécu. Peindre est pour lui une véritable expérience, une tentative lui permettant de trouver des réponses à ses interrogations artistiques mais aussi personnelles.

Juliette Deborde

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