Brancusi – Serra

Brancusi – Serra : Constantin Brancusi, L’oiseau, 1923-47, marbre gris bleuté, 89,2 cm, socle : pierre calcaire et marbre, deux parties, hauteur total 31,8 cm, fondation Beyeler, Riehen/Bâle    Brancusi – Serra : Richard Serra, 1,2,3,4,5,6,7,8, 1987, acier laminé, huit plaques : 184,8 x 400 x 5,1 cm chacune, collection de l’artiste, photo : Serra Studio, New York    Brancusi – Serra : Constantin Brancusi, La Sorcière, 1916-24, Bois de noyer, 99,1 x 48 x 64,1 cm, socle : pierre calcaire, 14,9 x 28,6 cm, Solomon R. Guggenheim Museum, New York, 56.1448, socle : Chien de garde, 1916, bois de chêne, 73,7 x 38,6 x 36,8 cm, Solomon R. Guggenh   


L'exposition


1928, les douanes américaines nient la qualité artistique de l’oiseau dans l’espace, sculpture signée Brancusi, déclenchant ainsi une polémique sur la définition même d’œuvre d’art. Ni aile, Ni bec, pas de plume non plus ; loin des leitmotivs de l’oiseau, la sculpture abstraite litigieuse à l’aspect " beau et de lignes symétriques » a permis de démanteler le paradigme esthétique alors institué et d’ouvrir la porte à l’art sculptural moderne. Brancusi, inventeur du principe modulaire et sériel et audacieux réformateur des sculptures environnementales et du rapport entre le socle et la sculpture, devient une source d’inspiration pour un autre artiste, Richard Serra. Lui-même intrépide et novateur, cet artiste minimaliste américain a en 1965 une véritable révélation : « Je n'avais aucune ambition de devenir sculpteur jusqu'à ce que je vois l'atelier de Brancusi. […] il devenait comme un manuel de possibilités pour moi» explique-t-il. Non dans une imitation servile du geste mais dans une reproduction de l’esprit créatif du sculpteur roumain, Serra ne rejoint-il pas Charles Perrault quand ce dernier affirme : « Je voy les Anciens sans plier les genoux - Ils sont grands, il est vray, mais hommes comme nous ; - Et l’on peut comparer sans craindre d’estre injuste » ? Si Richard Serra s’unit à Brancusi dans son désir d’appréhender l’espace, il noue une relation nouvelle avec le spectateur, sa sculpture se détachant du piédestal pour se positionner et jouer dans un contexte sensoriel global. Ce n’est plus une œuvre reposant sur un socle et que le visiteur contemple de loin, mais une création dans laquelle il peut rentrer. Cheminant d’une œuvre à l’autre et d’un artiste à l’autre, le visiteur du musée Guggenheim à Bilbao goûte au fruit de cette filiation spirituelle et, témoin du dialogue entre les œuvres, entrevoit d’un regard transformé la puissance spatiale de la sculpture.

Charlotte Dufour

Quand


08/10/2011 - 15/04/2012
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