Jan van Eyck

1390 (Maaseik, Belgique) / 1441 (Bruges, Belgique)

Teinté de mysticisme, cet humanisme polyphonique de Van Eyck réussit à conjuguer ces deux contraires que sont le réel et l’idéal. Art du « regard immobilisé » (Pächt), la peinture du Flamand – et tout particulièrement celle de ses extatiques et précieuses Vierge à l’Enfant – semble arrêter le temps dans une « cristallisation de la lumière » (Panofsky). Se difractant en une infinité de rayons – comme l’avait découvert l’astronome arabe Al-Haytham – sur des centaines de pierreries, miroirs, armures et récipients métalliques, tout l’œuvre de Van Eck n’est que lumière. Sublimant l’action en « existence pure » (Panofsky), l’artiste extrait sa minutieuse reproduction de la réalité hors même de cette réalité : Van Eyck réalise en même temps qu’il déréalise. S’il n’est pas l’inventeur du secret des Flamands – la technique de la peinture à l’huile étant utilisée depuis le XIIe siècle –, c’est tout de même lui qui le perfectionne au plus haut point, donnant l’impression que la lumière émane de l’intérieur même du tableau.

Jan van Eyck.
L'Homme au turban rouge (Autoportrait ?).
1436, huile sur toile, 25,5 × 19 cm
National Gallery, Londres.



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Numéro 92






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