Bernard Van Orley

1487 (Bruxelles) / 1541 (Bruxelles)
Vit à : Bruxelles
Travaille à : Bruxelles

À la pensée scolastique qui ne voit que par Dieu, Bernard Van Orley préféra cet humanisme de la raison en passe d’être conquise. Entre-deux elle aussi, son œuvre s’ancre très fortement dans la tradition locale et ses Vierges ne dépareraient pas le corpus d’un Rogier van der Weyden, encore que le paysage, par quelques silencieuses variations, rappelle qu’en toute l’Europe ne retentit plus que la mélodie des muses redescendues du Parnasse. Sans doute reposent-elles toutes encore dans le jardin clos tapissé de mille fleurs, mais leurs lointains bleuissent, s’embuant du sfumato acclimaté aux visions panoramiques de Patinir. Van Orley sait aussi accorder les opposés, comme dans ce Triptyque Haneton où, sur le fond byzantin scandé de hachures surnaturelles, se détache l’humanité poignante d’une Déploration. Là, des êtres de caractère, profondément affligés : un saint Jean un peu ovin, le cheveu laineux, un Joseph d’Arimathie à profil de médaille, Mama Roma, déjà, dans le rôle de la mère de douleur, les joues emperlées, le geste enveloppant, une Madeleine, enfin, la frisure retenue par une résille chipée aux courtisanes de la Lagune, le profil à la serpe, digne d’une Sibylle de Michel-Ange, un voile à la Fornarina dépassant du corsage. Tout réside chez van Orley dans ce savant mélange, retenant de chacun de ses contemporains majeurs certaines innovations qu’il enchâsse dans son propre langage.

Extrait de l'article de Vincent Quéau



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