Sigmund Freud, du regard à l’écoute

 Sigmund Freud, du regard à l’écoute : Max Halberstadt, Portrait de Sigmund Freud, 12 février 1932 Photographie © Londres, Freud Museum     Sigmund Freud, du regard à l’écoute : André Brouillet Une leçon clinique à la Salpêtrière, 1887 Huile sur toile, 300 x 425 cm © Paris, université René Descartes, musée d’histoire de la médecine, dépôt du Centre national des Arts plastiques     Sigmund Freud, du regard à l’écoute : Alfred Kubin Hysteria [Hystérie], vers 1901 Encre et aquarelle, 24 x 33 cm © Vienne, Leopold Museum   


The exhibition


« C’est seulement dans l’art qu’il arrive encore qu’un homme consumé de désirs fasse quelque chose qui ressemble à leur satisfaction », écrivait Freud dans son Totem et tabou de 1913. Et la pulsion sexuelle ainsi détournée vers l’acte créateur s’est souvent traduite par des œuvres à forte connotation érotique, telle La Jeune Fille brune à la jupe relevée de Schiele, ou un Nu allongé à la lingerie de Klimt. C’est le cas dans cette exposition pensée par Jean Clair pour le musée d'art et d'histoire du judaïsme, mais celle-ci s’ouvre à d’autres perspectives dès lors que la grande majorité des artistes illustrent les notions développées par le père de la psychanalyse : Hans Hollein reproduit en 1984 la configuration inédite de ses séances d’analyse dans sa miniature du Divan et fauteuil de Freud, de même que la Maternité d’Eugène Carrière évoque le réflexe de succion comme premier stade de la sexualité infantile, ou que Magritte opère par associations libres, en utilisant des éléments du corps de la femme pour en faire un visage dans son Viol. André Breton lui-même affirmait croire à « la résolution future de ces deux états, en apparence si contradictoires, que sont le rêve et la réalité ». Il arrive qu’une œuvre vienne réfuter le propos freudien : si L’Origine du monde est unanimement considérée comme une œuvre érotique, Freud affirme que la seule vue des organes génitaux n’avive pas de réaction sensorielle chez le sujet. S’il y est question de ses vues sur l’art, l’exposition s’attache aussi aux débuts de Freud en tant que neurobiologiste ou à sa découverte de l’hypnose à la Salpêtrière, lorsqu’il suivait les cours du professeur Jean-Martin Charcot. Au service d’un propos scientifique, la théâtralité avec laquelle est représentée l’hystérie féminine par le choix d’œuvres comme Hysteria d’Alfred Kubin – une femme convulsant sur un canapé, dont la pose s'est révélée après-coup largement construite – peut néanmoins être perçue par comme un témoignage des limites de la grille de lecture psychanalytique, par certains aspects caricaturale. En lien avec les collections permanentes du musée du judaïsme, la psychanalyse y est enfin dépeinte comme un refus de l’image en faveur de l’écoute, Freud devenant l’héritier de Moise.

Emma Noyant


When


10/10/2018 - 10/02/2019

Where


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